I/Esclavage, Work songs et Gospel

Esclavagisme et cantiques d'espoir : les négro-spirituals

Au XVIIe siècle commence la "traite des noirs": l'arrachement d'un million d'Africains à leur terre natale, et leur déportation vers l'Amérique, où ils seront maltraités et utilisés comme esclaves, principalement dans les champs de coton. Ces pratiques ne cesseront, malgré leur interdiction légale en 1807 qu'en 1861 à partir de la Guerre de Sécession.

 
Peinture représentant le travail des Noirs dans les champs de coton,
tpe-minoritesnoirsusa.e-monsite.com

Chanter pendant qu'ils travaillaient était leur seule liberté. Les chants, ces work songs rythmaient leurs gestes. Ces chants étaient transmis par tradition orale et chantés a capella, les pioches servant d'instruments. Ils s’encourageaient en reprenant les cantiques d'espoirs qu'on leur avait appris, les negro spirituals. Selon la formule de questions-réponses "call and response", héritée des traditions africaines, le meneur lance une phrase à laquelle l'assistance répond avec ferveur et expressivité.
A partir de la fin du XVIIIe siècle, l’évangélisation massive des Noirs donne lieu a la création d'églises noires indépendantes où ils peuvent chanter et s'exprimer librement. Ils s'y retrouvent et chantent l'espoir. 
La musique va être pour cette population un échappatoire à leurs conditions de vie très dures. 

« Go down, Moses » 

Chanté par les esclaves lors des cérémonies religieuses, ce negro spiritual exprime la douleur et les espoirs d’un peuple réduit à l’esclavage. 
Cette chanson est à double sens : sous couvert de simple histoire de l'Ancien Testament racontée, les esclaves noirs s’identifient aux Hébreux oppressés par les Égyptiens, qui seront libérés par Moïse : les esclaves attendent eux aussi leur libération.

When Israel was in Egypt's land 
Quand Israël était en Egypte
Let my people go                                                           
Oh, laisse aller mon peuple!
Oppressed so hard they could not stand                        

Opprimé si durement qu'il ne pouvait plus attendre
Let my people go                                                            

Oh, laisse aller mon peuple!







Le Gospel :
 
Le gospel se développe plus tard, à partir des negro spirituals, dans les ghettos des grandes villes. Il signifie littéralement "appel de Dieu" : God + spell.
Cette musique s'appuie sur des thèmes du Nouveau Testament alors que les negro spirituals s'inspiraient de l'Ancien.
Il est plus urbain, moins classique et plus optimiste dans les textes. Davantage d'instruments (orgues, instruments à cordes), maintenant présents dans les églises, sont utilisés. Habituellement, une voix de tête, puissante et forte, chante la mélodie et se dégage du chœur qui peut être constitué d'une vingtaine de chanteurs.

Chanteurs de gospel en représentation, tribioon.com

Le gospel est un chant de liberté et d'espoir, il exprime à la fois la joie d'approcher le Seigneur et la peur.
Sa beauté, sa puissance et le sentiment de sécurité qui s'en dégage l'ont rendu immensément populaire.
Tout au long de leur histoire, la musique sacrée plus qu'aucune autre, a permis aux Noirs d'Amérique de préserver leur culture et leur unité et d'affirmer leur différence et leur fierté.


Precious Lord est un gospel écrit en 1932 par Thomas A. Dorsey. Il s'y adresse à Dieu, lui demandant de le guider à travers le Chemin, vers la Lumière.
Cette chanson représente bien ce qu'est le gospel : un appel puissant vers Dieu
Elle fut chantée à divers événements pour les droits civiques et notamment à l'enterrement de Martin Luther King car c'était sa chanson préférée.  

Precious Lord, take my hand    
Précieux Seigneur, prends ma main
Lead me on, let me stand,
Conduis-moi, laisse moi me tenir debout
I am tired, I am weak, I am worn     
Je suis faible je suis fatigué, je suis usé
Through the storm, through the night          
A travers la tempête, à travers la nuit
Lead me on to the light                          
Guide moi vers la lumière
Take my hand precious Lord, lead me home
Prends ma main, précieux Seigneur, conduis-moi à la maison







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